- photo Gérard Debout
MOI
Je suis né en 1954 au Havre.
Première rencontre avec l’oiseau, chez ma grand-mère, j’ai environ trois ans : au réveil un merle noir sur ma fenêtre avec son formidable bec jaune, me regarde (du moins le crois-je). Fasciné et un peu craintif, son envol me libère et me déçoit à la fois.
Entre deux et cinq ans, je passe mon enfance en Bretagne dans la région de Tréguier, entre un bourg où pas grand-chose n’a changé depuis la « guerre de 14 », me semble-t-il, et les ruisseaux et l’étang que je fréquente assez tôt. Je verrai arriver le premier tracteur agricole vers 1966, puis la première moissonneuse batteuse lieuse précédée d’un bulldozer, car les entrées de champs sont trop étroites. Le «bull» poursuivra sa carrière avec l’arasement des talus, suite au remembrement.
Les lundis matins, je suis réveillé par les chevaux qui piaffent, attachés aux anneaux sous la fenêtre de ma chambre. Les paysans livrent les cochons que mon oncle charcutier/salaisonnier a choisis et négociés un par un dans les fermes visitées à bicyclette.
Les paysans cassent-croûte en parlant breton.
Vers cinq ans, l’on m’enlève de ma campagne pour la ville, retour au Havre. J’en garderai de la peine au cœur. Il me faudra trente ans pour de nouveau y vivre.
Toutes mes vacances scolaires se passeront en Bretagne, Pâques, Noël et deux mois et demi de « grandes vacances ».
Aux vacances de Pâques avec les copains, je déniche les oiseaux pour voler les œufs. Merles, grives, pies et corneilles subissent le gros des razzias. Troglodytes et mésanges à longue queue sont l’objet d’un tabou. Pas touche ! J’ai le souvenir des oscillations, de plusieurs mètres, en haut des grands peupliers, sous les rafales de vent pour dénicher les corneilles. Une fois nous étions entrés dans l’église pour dénicher les choucas du clocher. Nous n’avions pas eu le temps d’y monter, le curé nous apercevant nous avait fait remettre les bancs en place.
L’été je pêche, d’abord des poissons d’enfants, goujons et vairons, et puis des truites.
Le long des routes et chemins que j’emprunte, mon esprit est happé par la végétation diversifiée des bermes et talus. Premières prises de conscience de ce que l’on appellera plus tard biodiversité. Cela me fascine tout encore tout autant, n’en fais toujours rien, sinon grande rêverie.
Arrive l’agriculture chimique et l’élevage intensif des porcs, le premier champ de maïs.
Goujons et vairons disparaitront vers 1963/1964, et la population de truites diminuera.
L’apparition d’un héron est un évènement.
D’un été l’autre, sauterelles et papillons qui devançaient nos pas en grandes gerbes auront disparu. Les grandes concentrations de jeunes grenouilles vertes, qui pullulaient en été dans les prairies humides, disparues aussi. Ce sont mes premières prises de conscience des effets de la pollution. Je me rappelle d’un bide avec les filles en amenant le sujet dans la « converse ».
Vivement la loi de protection de la nature de 1976 que nous devons à un normand Michel d’Ornano, à l‘époque maire de Deauville, président du conseil général du Calvados et ministre de l’environnement de Valéry Giscard d’Estaing. Il initiera la directive européenne 79/409 dite Directive Oiseaux.
Puis vint la vie au Havre, « ville haute », « sur la côte », comme disent les havrais.
Cette vie ne me plait guère, heureusement que je passe quatre mois par an dans le bocage breton. Pays disparu. Un déménagement dans la ville basse me permettra d’écumer quais, digues et littoral avec ma canne à pêche.
En 1979, j’achète des livres en vue d’une hospitalisation à Paris, avec entre autres «Les oiseaux d’Europe d’Afrique du nord et du Moyen Orient » de Heinzel, Fitter et Parslow. De la mésange lapone au cratérope, ou du merle au merle pour 60 francs (le prix est toujours dessus). A l’époque, un trente trois tours de Brassens coûte 33 francs. Je lis dans l’ordre.
J’en suis au faucon crécerelle, je tourne la tête vers la fenêtre et l’oiseau est là, à quelques mètres, qui fait le Saint-Esprit… je n’en tire aucune conclusion mystique.
Le chapitre consacré à l’engoulevent me laisse peu d’espoir de voir l’oiseau. Vie crépusculaire. C’est peu. Je le verrai pourtant en vol et au nid.
Première paire de jumelles, je découvre le marais du Hode.
Whaou … pour y avoir de l’oiseau, y’a de l’oiseau. Toutes formes, toutes couleurs, petites pattes, grandes pattes et mêmes moyennes pattes, des palmées et des petits becs, des moyens becs et des grands becs, et des qui sont plats. Si si ! Je passe les cous… toutes couleurs. Et en plus, argh, ça change de plumage au cours de l’année. Mon guide est toujours en ma possession. Il a servi. Les pages cornées, la tranche noircie, attestent. Les auréoles corroborent. Les pages tiennent encore ensemble. Fermement. Du solide. Le prix s’oublie mais la qualité reste.
Philippe Sabine, un photographe animalier rencontré sur le marais, me parle du GONm à Caen, que des réunions mensuelles se tiennent au Muséum d’histoire naturelle du Havre.
J’écris (avec une vraie enveloppe et un vrai timbre comme disent mes enfants qui ne connaissent que le smartphone) pour obtenir un bulletin d’adhésion.
Je suis à la pêche au brochet dans le Calvados, un porteur de jumelles apparait, décidé, haute stature, menton et moustaches en avant, sûrement un officier de l’armée des Indes en civil.
- Ça mord ?
- Ça observe ?
- Vous connaissez le GONm ?
- Mon bulletin d’adhésion est dans ma voiture ! Sourire…
C’était Didier Desvaux qui comptait les canards ! Je le salue.
LE GONm ET MOI
1985 : je participe, au muséum d’histoire naturelle, aux réunions havraises mensuelles du GONm.
Première AG à Caen, Bruno Lang m’incite à me présenter à la vice-présidence haut-normande que j’occuperai de 1988 à 2003.
Je suis nommé attaché de presse pour promouvoir le GONm, à la suite de quoi j’ai failli finir en prison. Suite à l’un de mes articles hebdomadaires dans le Courrier Cauchois : « Pour la Sainte Catherine, planter des arbustes pour les oiseaux », je reçois dans la semaine un courrier comminatoire de la Direction de la protection des végétaux exigeant un démenti. J’ai promu la plantation de l’aubépine, alors sous le coup d’une interdiction préfectorale de commercialisation, dans le cadre de la lutte contre le feu bactérien. Le courrier est accompagné d’une annexe indiquant amende et peine de prison encourue. J’envoie le démenti exigé.
C’est à cette époque que je commence à essayer de communiquer avec le Port Autonome du Havre (PAH) dans l’idée de créer une nouvelle réserve conventionnée : la surface du marais du Hode se réduisait suite aux travaux d’assèchement du PAH ; une petite réserve existait déjà, co-signée par le PAH et la DRAE de Haute-Normandie ; l’idée est d’en créer une nouvelle, plus vaste.
Cette réserve avait été initiée par René Loret, membre du GONm, pour réguler la coupe de la roselière afin de favoriser la mésange à moustaches. Ping ! Le cri de la mésange à moustaches, c’est ping ! La mésange à moustaches ! J’insiste ! Les ceusses qui utilisaient à l’époque leur énergie pour changer les noms communs des oiseaux ne nous ont pas aidés. Energie étiolée avant de changer le râle des genêts en râle des prés. Ça, ça aurait été vachement utile. Un accent circonflexe de moins à taper. Que celui qui a déjà vu un râle des genêts dans les genêts m’écrive, je m’engage à ne pas publier de démenti.
Bon, chères lectrices et lecteurs, autant l’avouer, pendant plusieurs années je n’arrive à pas grand-chose, si ce n’est me former et nouer des contacts. Le PAH joue l’inertie et j’ai beau tourner et retourner le problème dans tous les sens, je ne sais que faire d’efficace et de pertinent.
Le pont de Normandie se construit et le choix, pour des raisons financières, d’un terre-plein d’accès au pont au lieu d’une voie d’accès sur pilotis, aura des conséquences catastrophiques sur l’assèchement des roselières.
En 1991, le PAH fait un faux pas en autorisant l’usine de Thann et Mulhouse/Millénium à aménager un dépôt de phosphogypse sur les prairies humides du Hode où niche le râle des genêts. Enfin une erreur du port ! La solution juridique me semble pertinente. Le tribunal administratif tranchera.
J’ai besoin d’une décision collégiale pour avoir le soutien moral et financier du GONm, si cela tourne mal, avant de me lancer dans une telle épreuve de force. Une réunion de bureau du GONm a lieu à mon domicile où j’expose mon projet. Y participaient Gérard Debout, Jean Collette, Bruno Lang et moi.
Suite à notre saisie du Tribunal administratif de Rouen, l’arrêté préfectoral autorisant le dépôt de phosphogypse est cassé. Première victoire ! Quinze jours plus tard, un nouvel arrêté préfectoral est pris, que nous attaquerons. Nous serons déboutés pour vice de forme.
Nous poursuivrons notre action en déposant une plainte auprès de la Commission Européenne.
Bientôt l’ambiance change, et le processus de ce qui mènera à la création de la Réserve naturelle de l’estuaire de Seine s’accélère.
Les temps changent et étonnamment. Avec tout ce battage juridico-médiatique, je reçois un coup de téléphone du 71e régiment de génie basé à Oissel. Ils veulent effectuer des manœuvres dans l’estuaire et me demande d’indiquer les zones à éviter pour ne pas déranger l’avifaune (sic). A moi. C’est moi qui décide. Même pas fait mon service militaire ! Mon commandant par-ci mon lieutenant par-là. Pour mémoire, ça commence en regardant un merle !
A l’époque, les cigognes commencent à s’implanter en Normandie et manquent de reposoirs pour nicher. Ni une ni deux, je demande la participation du 71e régiment de génie pour installer des plates formes à cigognes. Rendez-vous est pris, l’on m’invite à déjeuner avec le commandant de la place pour exposer mon projet. Ainsi fut fait, et je me retrouve accompagné de Franck Morel, à cette époque objecteur de conscience au GONm (on n’a pas ébruité), précédent un convoi militaire dans les marais de Carentan et le marais Vernier pour installer les plates formes sur poteaux.
J’assurerai également le poste de conservateur de la réserve de la Grande Noé, avec Laurent Demongin, autre objecteur de conscience au GONm.
LE GONm REÇOIT LE PREMIER PRIX DES LAURIERS DE L’ENVIRONNEMENT
1993 : le GONm se voit remettre des mains du Ministre de l’environnement Michel Barnier, au Ministère de l’Environnement, le premier prix des Lauriers de l’Environnement. Une semaine après, je fais la une du journal Paris Normandie, très lu à l’époque. Les hebdomadaires nationaux Le Point, l’Express etc… se déplaceront et relaieront la nouvelle avec photos en pages intérieures. Yep, médaille d’or !
Une explication sur la genèse de ce prix :
Une semaine avant les vacances de Noël, la DRAE envoie à toutes les associations environnementales au sens large, un courrier nous demandant de participer au concours national des Lauriers de l’environnement, candidatures et projets devant être impérativement remis à la DRAE dans la première semaine de janvier.
Fatigué par la charge de travail accompli, partant en vacances les jours suivant, je prends contact avec la DRAE.
Mon Ego dans la poche gauche et la Vérité dans la poche droite, je mets le marché en main : le GONm participe au concours, si parole m’est donnée que seul notre projet sera retenu au niveau régional. A moi de bâtir un projet sexy pour franchir les éliminatoires nationales (si si, j’ai dit ça, même pas honte, la Vérité qui s’avance, vous dis-je).
La mode étant au social à l’époque et flairant l’air du temps, je bâtis un projet consistant à éradiquer les saules qui gagnent sur la roselière du Hode, avec l’aide d’une association d’insertion travaillant dans les quartiers populaires de la ville haute du Havre, et avec une classe de primaire de ces mêmes quartiers qui fera une classe verte. Je suis convaincu, à l’époque, que marier le social, l’éducation et l’environnement est une combinaison gagnante.
Etonnant, la plupart des gamins n’avaient jamais vu la mer ni la Seine. Pour mémoire, le Havre est un port de mer !
Début de l’été, Bingo, qui qui gagne ? C’est nous.
Jean Collette et Bruno Lang m’accompagnèrent à la remise du prix au Ministère… que nous avons failli rater, par ma faute… j’avais confondu le Ministère avec l’hôtel particulier abritant les bureaux du ministre… oh la boulette !
DE LA ZPS DE LA PLAINE ALLUVIALE DE L’ESTUAIRE DE SEINE A LA RÉSERVE NATURELLE
Le dossier de plainte du GONm auprès de la Commission Européenne s’appuiera sur la Zone de Protection Spéciale (ZPS) et sur les données ornithologiques du GONm. Je répète, sur les données ornithologiques du GONm et uniquement du GONm, pour souligner l’importance de tous les compteurs d’oiseaux qui envoient leurs observations au GONm…
Les ZPS sont des cartographies des zones d’importance européenne pour les oiseaux, et selon la Directive Oiseaux, elles doivent être classées en Réserve Naturelle, plus haut statut juridique français.
Lorsque le ministère de l’environnement a dû fournir une délimitation des ZPS, il s’est adressé aux DRAE (Direction Régionale de l’Architecture et de l’Environnement). La DRAE de H-N ayant dansé toutes ces années passées se trouva fort dépourvue quand la bise fut venue, et alla taper non pas chez la fourmi mais chez le GONm son voisin, pour avoir quelques données ornithologiques. S’il vous plait !
C’est ainsi que Bernard Braillon, fondateur du GONm, a demandé à Gérard Debout de répondre à la demande de l’administration de cartographier les ZPS normandes, en disant « ça vaut peut-être le coup » (c’est dire la confiance en l’administration de Bernard Braillon !). Ce fut fait par Gérard Debout.
LES INDUSTRIELS
Au Havre, après notre victoire au tribunal administratif contre l’arrêté préfectoral autorisant un dépôt de phosphogypse dans les prairies humides ou nidifie le râle des genêts et classées en ZPS, les industriels s’inquiètent de l’insécurité juridique ainsi installée. Jean-Pierre Saliou, un copain havrais assureur, photographe animalier et membre du Rotary club, m’organise un repas avec le directeur de l’entreprise avec qui nous menons une guérilla juridique par préfet interposé.
Ce directeur est également président d’une association regroupant l’ensemble des entreprises établies sur la plaine alluviale, et créée pour exister auprès des élus et surtout du Port avec lequel les relations ne sont pas excellentes.
Au début de la rencontre, celui-ci me menace d’une manifestation de l’ensemble de ses salariés devant mon domicile. Suite à l’expression de mon contentement d’être bientôt «connu mondialement dans mon canton» à la suite de cette manifestation, le climat s’apaise et je peux exposer mon projet.
La plaine alluviale de la rive droite de l’estuaire de Seine (marais du Hode) est à l’époque occupée par :
- 2750 ha de ZPS (zone de protection spéciale) enregistrée par l’Union Européenne à la demande de la France.
- une zone portuaire
- une zone industrielle entrecoupée de micro-zones tampons pour la sécurité des industries, micro-zones plus ou moins marécageuses.
L’ensemble est classé Zone Industrialo-Portuaire au plan d’occupation des sols. C’est là qu’est l’os !
Mon plan machiavélique consiste à vendre aux industriels une sécurité juridique : ils soutiennent notre projet de mise en réserve naturelle de la ZPS, et nous nous engageons à ne pas intervenir sur le reste de la zone industrialo-portuaire. C’est le principe mafieux ! Occasionner un climat de peur, et ensuite proposer notre protection (naturellement, je ne voyais pas les choses ainsi à l’époque).
Je sors du repas avec une promesse de réunion entre moi et l’ensemble des industriels. Celle-ci aura bien lieu et j’y obtiendrai l’appui nécessaire.
Ah ah ah, dégâts collatéraux en Haute-Normandie : les financements FEDER (Fond Européen de Développement régional) devant financer les transports en commun (Métro-bus) de l’agglo Rouennaise sont bloqués, dans l’attente de la mise en conformité de la France avec la directive oiseaux dans l’estuaire de Seine.
J’aurai de très nombreux échanges téléphoniques avec Bruxelles pour co-instruire cette plainte auprès de la Commission Européenne, je m’y déplacerai deux fois.
La France sera condamnée par la Cour de Justice du Luxembourg, saisie par la Commission Européenne. Le premier décret de création de la première partie de la réserve naturelle de 2750 ha, jugé insuffisant, ne suffira pas à éviter une condamnation de la France en 1999 par la Cour de Justice du Luxembourg. La France y répondra en 2004 par un nouveau décret portant la superficie à 8528ha, et en augmentant les mesures compensatoires dans le cadre de la création de Port 2000.
Je ne serai pas invité à l’inauguration de la Réserve Naturelle de l’Estuaire de Seine. Je les comprends !
Bon, je rigole vingt ans plus tard, mais c’était un vrai boulot où j’apprenais au jour le jour la façon de faire. Si les données ornithologiques du GONm ont été primordiales pour la création de cette Réserve naturelle, l’appui du GONm pour ce combat juridique l’a été tout autant, ainsi que l’appui quasi journalier (en période tendue) de Gérard Debout lorsque je butais sur le dossier, et de Catherine ma femme, qui a relu avec abnégation l’ensemble de ma prolixe prose.
RESUME FACTUEL, STUPIDE ET RIGOLO
La France demande à l’Europe une directive pour protéger les oiseaux.
La directive voit le jour, la France la signe.
Dans le cadre de la Directive, la France demande au GONm de cartographier les ZPS normandes.
La France ne traduit pas en droit français la directive qu’elle a elle-même initiée et signée.
Le GONm, qui a cartographié les ZPS à la demande de la France, porte plainte devant la Commission Européenne.
La France est condamnée.
La réserve naturelle est créée.
Kafkaïen n’est-il pas ?
ETONNANT
C’est sur proposition de Gérard Debout et dans le cadre des mesures compensatoires de Port 2000, qu’un ilot sera créé dans l’estuaire afin de pallier l’absence de reposoirs non chassés. L’ilot est visible sur les photos prises par Thomas Pesquet depuis la station orbitale. Incroyable, depuis l’espace on voit deux choses, cet ilot et la grande muraille de Chine. Du moins, en gros. Dans les grandes largeurs.
J’ajouterai que travailler au GONm pour la protection des oiseaux a été mon université. Je salue mes maitres, dont certains seront surpris : Gérard Debout, Jean Colette, Joëlle Riboulet, Claire Debout, Bruno Lang et Alain Chartier. Je me souviens combien je sortais revigoré des conseils d’administrations du GONm, ce qui me permettait de continuer à affronter le Port Autonome du Havre et ses « spadassins siccatifs, sots suceurs assassins des spongieux séjours » (La bête Mahousse de Jacques Perret. A lire pour nourrir vos âmes d’enfant).
MON OISEAU PREFERE ?
Sacha Guitry répondant au questionnaire de Proust, avait répondu le perdreau froid. Je répondrai le merle, qui, costume impeccable et coquetterie au bec, anime le jardin toute l’année, et de façon sonore installe la belle saison de son chant posé et réfléchi, en contrepoint à la fougue juvénile de la grive musicienne qui, il faut l’avouer, s’est déjà tapée une bonne partie du boulot. Belle saison qui verra, en septembre, le rougegorge siffler sa fin et installer mélancoliquement l’hiver. Si vous croisez un rougegorge, ne lui dites rien. Il ne le sait pas. Cela le peinerait. Son chant n’en serait que plus triste.
A propos de mélancolie et de chants d’oiseaux, je ne résiste pas à citer Emil Cioran. « Si la mélancolie n’existait pas, les rossignols se mettraient à roter. »