La réserve de Tournedos est implantée au niveau d’un peuplement forestier d’un peu moins de 5 ha qu’il conviendrait d’appeler plutôt bois que forêt, dans la mesure où l’Institut National de l’Information Géographique et Forestière définit la forêt comme un territoire occupant une superficie d’au moins 5 ha. Ce bois communal est délimité à l’est et à l’ouest par des terres agricoles destinées à la production de céréales et divers ; au sud par la route de Tournedos et au nord par un étang communal.

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Plan général de la réserve
Historiquement, cette zone était une ancienne carrière d’exploitation des alluvions qui a été creusée dans les années 1970. L’exploitation a cessé au début des années 2000 et l’ensemble de la zone a été progressivement rebouché. En 2010, seul un petit étang communal était maintenu en eau au nord de la réserve, le reste a été comblé par les résidus de l’exploitation mais pas complètement, ainsi elle constitue une dépression de profondeur variable, profondeur qui s’accroît vers le nord pour atteindre au maximum 2 mètres de profondeur par rapport aux champs qui la bordent. Ainsi le bois est soumis aux variations de niveau de la nappe phréatique et peut se retrouver inondé en hiver. Cela explique que les arbres qui s’y développent, comme les aulnes et les saules, présentent des adaptations leur permettant de supporter ces périodes d’inondation.
évolution de la zone au cours du temps
L’observation de la photo aérienne révèle clairement des différences de teintes qui correspondent à des différences de peuplement : la zone plus claire au sud correspond à la saulaie alors que la zone plus foncée au nord correspond à l’aulnaie qui présente une superficie légèrement supérieure.
L’aulnaie est constituée quasiment exclusivement d’un peuplement monospécifique d’aulnes glutineux (Alnus glutinosa). Connaissant le caractère pionnier et la rapide vitesse de croissance de cette espèce, Il est difficile de savoir si ces arbres ont été plantés ou s’ils résultent d’un peuplement spontané. Néanmoins, beaucoup de sujets sont encore protégés de l’appétit des herbivores par des grillages en plastique, ce qui prouve l’existence d’une gestion.

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Aulnes protégés par des grillages
L’installation de cette aulnaie a probablement eu lieu dans les années 70 suite à l’exploitation de la carrière. Les aulnes sont donc âgés d’une cinquantaine d’années (pour une durée de vie de 100 à 150 ans). La taille des arbres est assez homogène et comprise entre 10 et 20 mètres. Cette taille respectable a permis l’installation d’une héronnière composée d’environ 70 nids. C’est aussi là que niche le milan noir.
La héronnière installée dans l'aulnaie
Les 2 strates - arbustive et herbacée - sont plutôt clairsemées du fait de l’immersion hivernale, elle fait la part belle aux iris.
A l’avenir, Il pourrait y avoir un intérêt certain à l’étude précise de la strate herbacée, notamment dans les zones les plus dégagées afin de vérifier si des espèces rares y sont présentes. Cela pourrait conforter le statut de cette réserve.
La strate herbacée de l'aulnaie
Une mare d’environ 12 m de diamètre, en voie de comblement, occupe la partie centrale de l’aulnaie. L’étude du peuplement de cette mare pourrait lui aussi être envisagé mais cela risque de se heurter à la nécessité de préserver la quiétude des lieux durant la longue saison de reproduction des hérons.
La mare au niveau de l'aulnaie
La saulaie s’est constituée plus tardivement, puisque suite à l’exploitation de la carrière, la zone était encore en eau en 2005. Le comblement date d’environ 20 ans. La saulaie est essentiellement constituée de saules marsault (Salix caprea) mais on y observe également le saule blanc (Salix alba) et le saule des vanniers (Salix viminalis). Des aulnes y ont aussi été plantés. Cette formation, au stade perchis, est difficilement pénétrable et laisse peu de place et de lumière aux strates inférieures. La taille des arbres n’y semble pas assez conséquente pour permettre la nidification des hérons.
La saulaie avec son ourlet forestier
De nombreuses autres espèces d’arbres ont colonisé la zone surtout dans la partie sud, la plus sèche, pour former un ourlet forestier. Parmi elles le robinier faux acacia (Robinia pseudoacacia), le chêne sessile (Querqus petraea), l’orme champêtre (Ormus campestris), le frêne commun (Fraxinus excelsior), le tilleul à grandes feuilles (Tilia platyphyllos), le bouleau (Betula sp), le sorbier des oiseleurs (Sorbus aucuparia), le marronnier commun (Aesculus hyppocastanum), le peuplier blanc (populus alba), le merisier (Prunus avium). Des espèces arbustives sont aussi présentes : le sureau commun (Sambucus nigra), le noisetier (Corylus avellana), l’églantier (Rosa canina), le troène d’Europe (Ligustrum vulgare), le cornouiller sanguin (Cornus sanguinea), la viorne lantane (Viburnum lantana).
Cette diversité d’arbrisseaux et d’arbres, grâce aux fruits et graines produites, est susceptible de fournir des ressources nutritives à de nombreuses espèces aviaires. La partie sud de cette saulaie est occupée par une clairière à peu près circulaire d’environ 130 m2 aisément repérable sur la photo aérienne. Cette clairière est régulièrement faucardée, ce qui permet de maintenir sa pérennité. A ce jour et malgré nos recherches nous ne connaissons pas les auteurs de cet entretien.
La clairière au niveau de la saulaie
L’ensemble du bois est laissé en libre évolution, aucune coupe n’y a été pour l’instant réalisée. Ainsi on y rencontre de vieux arbres sénescents ou des arbres morts abritant de nombreuses loges de pic ou d’autres espèces cavicoles. Le pic noir (Dryocopus martius), le pic épeiche (Dendrocopos major) et le pic vert (Picus viridis) y ont d’ailleurs été observés.

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Vieil arbre mort
La présence de jeunes sujets peut laisser supposer qu’une régénération naturelle peut s’effectuer sans qu’aucune intervention ne soit nécessaire. Néanmoins, des traces de gestion humaine y ont été observées, elles correspondent à la plantation de quelques cyprès chauves,à l’entretien de laies forestières perpendiculaires au chemin communal et à la pose de grillage en plastique autour du tronc de quelques arbres.

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plantation de cyprès chauves
Nous n’avons pas pu savoir qui étaient les auteurs de ces aménagements.
Le conservateur du site, Alain GILLES