MÉMOIRE DU GONm : les interviews du 50° anniversaire

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DEBOUT Claire
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39- Mémoire du GONm ; les interviews du 50° anniversaire : Anaïs Wion

Message par DEBOUT Claire »

2022- Anaïs en surveillance à Chausey. photo Gérard Debout
2022- Anaïs en surveillance à Chausey. photo Gérard Debout

Anaïs est une ornithologue « récente », puisque sa passion s’est déclarée il y a quelques années de façon tout à fait imprévue. Cherbourgeoise, manchote de cœur, elle a eu une enfance sans grande imprégnation naturaliste. De longues études l’ont menée à une carrière de chercheuse historienne au CNRS à Paris, spécialiste de l’histoire de l’Ethiopie chrétienne du XVème au XIXème siècles.

Mon métier m’a mené à voyager et à habiter en Éthiopie à de nombreuses reprises depuis 1996. C’est là qu’en 2013, en week-end avec un couple d’amis anglais dans un lodge au bord d’un lac dans un cratère volcanique, nous avons passé trois jours à observer les oiseaux, grâce aux jumelles et aux ouvrages d’ornitho mis à disposition par le propriétaire du lodge. J’ai découvert tous ces oiseaux colorés, assez peu sauvages avec une distance de fuite réduite et cela a été le déclic ! De 2013 à 2015, munie d’une paire de jumelles premier prix et d’un médiocre guide des oiseaux d’Afrique de l’Est, j’ai observé de façon obsessionnelle les oiseaux éthiopiens. Je pratique alors en totale autodidacte, en prenant des photos, en notant les caractéristiques de reconnaissance, et sans aucune connaissance globale ni théorique.

En 2015, je rentre en France et je continue à essayer d’observer, toujours en solitaire et en autodidacte. Pendant une année, j’observe seule entre Caen et Paris. C’est difficile, je n’y comprends rien, les oiseaux me semblent invisibles ! Pour apprendre, j’adhère à des associations ornithologiques dont je trouve l’adresse sur Internet et, ainsi, je deviens membre du CORIF, le groupe parisien, ainsi que membre du GONm, le groupe normand. Je partage en effet mon temps entre les deux villes, Paris pour mon travail au CNRS, et Caen en télétravail une semaine sur quatre.

Je fais à peu près une sortie hebdomadaire avec le CORIF entre 2016 et 2019, sur les sites parisiens (surtout des cimetières et des parcs !). Je fais des stages avec les ornithologues francilien·nes (Zélande, étangs de Brenne, Baie de Somme, engoulevents en forêt de Fontainebleau). Mais, sans voiture, il y a peu d’enquête accessible car elles sont fréquemment en banlieue et animées par les groupes locaux. Le Corif, désormais LPO-IdF, fait heureusement beaucoup d’ornithologie urbaine, ce qui est plus pratique pour moi. Je participe ainsi à l’enquête Moineaux qui existe depuis 2003, avec un nouveau protocole qualitatif depuis 2018. J’effectue le suivi de 6 colonies dans mon arrondissement, le 18ème. C’est très formateur et le protocole d’enquête est très précis : il faut observer de nombreux critères, en particulier pour estimer les distances nids – abris – site de nourrissage et points d’eau. Je participe aussi, depuis peu, à une formation pour le suivi des chantiers et le respect des nids de moineaux, martinets et hirondelles.
Parallèlement, à partir de 2016, je commence à aller voir ce qui se passe au GONm. J’y rencontre beaucoup de gens qui peuvent transmettre leurs connaissances.

Bruno Lang m’entraîne pour aller sur les communes pauvres au cours d’une bonne dizaine de sorties, ce qui est une excellente formation notamment aux chants et cris. Je l’ai accompagné aussi aux sorties sur la prairie de Caen. Je m’inscris aux stages comme celui de Catherine Burban sur la côte du Cotentin et celui de Luc Loison en baie du Mont Saint-Michel. J’ai aussi fait la connaissance des réserves du GONm en particulier celles du Parc naturel régional des marais du Cotentin et du Bessin où j’ai suivi pendant deux jours le stage de baguage mené par Alain Chartier. J’ai fait la connaissance de Maëva Dufour qui aide à la gestion de ces marais, de Fabrice Gallien à Chausey où j’ai eu le bonheur de participer au stage une fois en hiver et deux fois à l’Ascension entre 2020 et 2022. J’ai aussi pu visiter la réserve de Vauville avec Marie-Léa Travert. Je viens aussi au week-end de la migration à Carolles en septembre et j’y rencontre Maryse Fuchs qui, amicalement, m’invite à la Lucerne et où j’ai rencontré pas mal d’ornithologues normands. Enfin, de 2017 à 2019, j’ai participé aux stages d’initiation de Didier Desvaux, la première année stage débutant et la deuxième pour les plus avertis, « les ambassadeurs et ambassadrices ». Ces sorties régulières ont été importantes pour mieux comprendre la diversité des écosystèmes normands, entre autres choses. Enfin, j’ai aussi suivi le stage théorique à Tatihou avec Gérard et Claire Debout, très complémentaire des observations de terrain, et qui révèle un tout autre aspect de la connaissance de l’avifaune.

Au GONm chacun·e a sa spécialité et son terrain d’action : libre à une nouvelle adhérente de les découvrir ! je trouve formidable qu’au GONm, on apprenne de tous et de toutes, des choses très variées et de façon à chaque fois différente et complémentaire, sans critique et avec bienveillance même si au début on n’est pas très bon, ce qui est normal. On peut confondre le rouge du bouvreuil mal vu dans les jumelles avec la livrée pimpante et rouge aussi de la poitrine du pinson des arbres (c’est du vécu !), mais … petit à petit on apprend. Et d’ailleurs c’est ce qui me plait dans l’ornithologie, c’est qu’on ne cesse jamais d’apprendre.
Malgré cette activité intense de formation, ce n’est que début 2018 que je me suis enfin mieux équipée : des très bonnes jumelles, une longue-vue d’entrée de gamme et un pied. L’été 2018 je complète avec un enregistreur (Zoom H2n) pour pouvoir réécouter et comparer les sons, consultant beaucoup la base de données Xenocanto. Mais cela prend beaucoup de temps et, acquérant un peu plus d’aisance dans la reconnaissance des chants, je me suis lassée de tout enregistrer et de tout dérusher de retour chez moi !

À partir de 2020, j’ai eu envie de suivre un refuge et j’ai écrit à Jean Collette qui m’a donné des conseils et m’a proposé d’en suivre un pas trop loin : un double refuge sur les communes de Pont-l’Evêque – Blangy-le -Château. Je fais un suivi deux fois par an, le propriétaire, François Joly, est très volontaire et fait beaucoup de choses pour protéger la biodiversité sur ses propriétés, notamment en laissant en friche volontairement certains espaces.
Toujours à l’initiative de jean Collette, un petit groupe de bénévoles a proposé à la mairie de la commune d’Ifs d’assurer le suivi de la « forêt » communale, un bois de 34 hectares en bordure du périphérique. Planté il y a trente ans pour faire du bois de chauffe, ce boisement est haut et trop serré et la mairie veut le modifier pour favoriser la biodiversité en développant en particulier la strate intermédiaire, celle des taillis. Avec Philippe Gachet, Sylvain Flochel, Andrée Lasquellec et Jean-Pierre Moulin, nous effectuons une sortie par mois pour faire un premier état des lieux avant la modification du boisement. Je fais aussi des sorties en soirée avec Andrée pour le suivi des dortoirs de pies et des sorties nocturnes avec Sylvain qui mène l’enquête sur les rapaces nocturnes. Nous partageons nos observations sur une Dropbox et Jean Collette commente, questionne, toujours réactif à ce travail collectif. Le bilan qu’il a tiré de la première année d’observation est impressionnant et cela m’apprend beaucoup sur l’utilisation des données. Nous accompagnerons ainsi les travaux et essaierons d’en mesurer les conséquences. Nous faisons aussi de la communication : animations, articles de presse. Les 21 et 22 janvier 2023, j’assurerai quatre animations dans la forêt pour préparer au grand comptage des oiseaux du jardin.

Souvent, les observations se font en groupe, ce qui est un filet de sécurité quand on débute. Mais dès 2018 j’ai commencé à m’investir dans l’enquête Tendances qui se fait seule. C’est Didier Desvaux qui met le pied à l’étrier à ses stagiaires, il nous incite à avoir confiance en nous et à ne pas hésiter à participer à des enquêtes. J’ai ainsi commencé à mettre mes observations sur le fichier Excel dédié et je vois bien que je progresse au fil des années. J’aimerais appliquer à mon parcours Tendances, si cela est pertinent, la méthode de cartographie des territoires des oiseaux élaborée par Jean Collette et que l’on utilise en forêt d’Ifs.
J’ai aussi participé à l’enquête Haies au printemps 2022 mais, même si je l’ai trouvée compliquée, elle m’a confortée dans l’idée d’en faire un peu plus.

Le Petit Cormoran est le lien idéal pour connaître la vie du groupe : on découvre, par exemple, à la fin de chaque numéro des lieux paradisiaques (refuges ou réserves) qui nécessitent des adhérent·es impliqué·e s. C’est l’occasion de se poser des questions. Je m’aperçois que la vie du groupe représente un boulot très prenant. Par ailleurs, c’est mon impression, l’âge moyen des gens impliqués n’est pas très jeune et le genre pas très féminin... Même si j’ai croisé finalement beaucoup de femmes au GONm, ce ne sont pas souvent elles qui se mettent en valeur. Ce n’est, en réalité, pas une caractéristique particulière au GONm, les revues ornithologiques restent majoritairement dirigées et alimentées par des hommes, par exemple. Mais si je compare au CORIF ou LPO/IdF, les instances y sont plus féminisées. Cela vaudrait le coup de réfléchir aux raisons de cet effacement des femmes dans la vie associative et naturaliste, qui se traduit aussi dans leur absence de ce corpus d’entretiens réalisé par Claire Debout malgré ses sollicitations. J’aurais bien aimé lire les récits d’autres femmes que je sais actives au GONm, ou des jeunes femmes qui faisaient partie du groupe débutant avec Didier en même temps que moi. Sentiment d’absence de légitimité ? Autres investissements associatifs ou professionnels par ailleurs ? Rapport très genré avec les activités naturalistes (en comparaison avec la chasse, qui pourtant voit un renouveau de la participation féminine en ce moment) ? Le manque de visibilité des femmes est un chantier qui mérite -toujours et partout- réflexion et discussion !

Étant historienne de profession, ma passion pour l’ornithologie et ma curiosité pour les pratiques m’a un temps fait envisager de changer mon champ d’études pour faire l’histoire de l’ornithologie amateure en France. Mener des entretiens avec les ornithologues bénévoles et les salarié·es du milieu associatif dans quelques régions ciblées et me plonger dans les archives permettrait de couvrir un champ d’étude qui demeure à explorer. L’importance des archives est cruciale : archivages des informations et des données scientifiques, penser l’insertion des associations régionales dans les infrastructures nationales, se poser la question de ce qu’est une donnée, quel est son statut, quelles sont les évolutions de cette notion, etc. ? L’archivage est un défi et on n’a pas encore trouvé mieux que le papier pour assurer la pérennité des informations, néanmoins il va falloir aussi archiver les données numériques. Je suis ravie que le GONm dépose ses archives à des institutions dédiées, comme les Archives départementales, et j’espère que d’autres associations ont la même démarche. Quoi qu’il en soit, pour le moment je me suis trop investie sur l’Ethiopie pour quitter cette spécialité mais on verra d’ici une quinzaine d’années quand je prendrai ma retraite !

Pour conclure, bien qu’assez nouvelle en ornitho, j’ai déjà rencontré beaucoup de monde et je dis un grand merci à tous ceux et celles que j’ai croisé·es, qui m’ont appris tant de choses, et avec qui j’ai aussi bien rigolé et partagé de supers moments. Même si je ne suis pas assez souvent en Normandie, j’ai très envie de participer activement. Au GONm, c’est facile de s’investir, les gens sont disponibles, à l’écoute, et en quelques années j’ai appris énormément.
Claire DEBOUT
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DEBOUT Claire
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40 - Mémoire du GONm ; les interviews du 50° anniversaire : Claire Debout, l’intervieweuse interviewée

Message par DEBOUT Claire »

2018-Chausey-WE de l'Ascension.jpeg
Claire DEBOUT à Chausey (Photo : Gérard Debout)


Vous avez vu que je vous ai réservé deux interviews surprises N° 38 et 39 pour clore cette année anniversaire avec une ornithologue nouvelle qui s’implique fortement dans l’association et une jeune étudiante passionnée très prometteuse.
Aujourd’hui c’est la dernière interview réalisée en 2022, et l’intervieweuse est ma grande amie Joëlle Riboulet qui a souhaité mener cette interview. Je la remercie pour moi et pour tout ce qu’elle fait pour le GONm.
Suivra dans quelques jours un répertoire des personnes citées dans les interviews, pour éclairer les lecteurs.



J’ai passé mon enfance et mon adolescence dans la région parisienne et jusqu’à ce que je poursuive mes études à Caen, je n’ai jamais quitté ma banlieue. Nous habitions une maison avec un petit jardin et nourrissions les oiseaux sur un appui de fenêtre. Sur le pignon Nord de la maison, nichaient des moineaux et dans la vigne touffue qui recouvrait l’appentis, nichait ce que mon père appelait le « rossignol des murailles ». J’appris bien plus tard lorsque Gérard vint visiter ses futurs beaux-parents, qu’il s’agissait d’un rouge-queue à front blanc et que les moineaux étaient des moineaux friquets. Mon père d’origine franc-comtoise aimait se promener en forêt, sur les collines de Cormeilles-en-Parisis ou près des moulins d’Argenteuil, particulièrement à l’automne pour ramasser des châtaignes. Ma mère, plutôt littéraire (bibliothécaire à la bibliothèque municipale), fréquentait assidument les musées et, bonne couturière, les grands magasins parisiens à la recherche de tissus, de laine pour confectionner ses créations qui étaient destinées à ses trois enfants.

Ma passion, c’était la lecture. J’ai eu la chance d’avoir pour professeur de lettres au lycée, un autre passionné qui répétait à l’envi : « Tout est dans les livres », et une prof d’anglais qui m’a initiée et convertie aux tragédies shakespeariennes. J’ai donc eu une jeunesse sédentaire avec peu de nature et beaucoup de lectures.

Je poursuis dans un premier temps mes études à Paris, où j'obtiens un BTS « Analyses biologiques et médicales », formation au cours de laquelle le volet pratique m'a passionné. Mon père est très content de me voir technicienne, major de ma promotion, mais me dit que je peux faire mieux. C'est ainsi qu'à la recherche d'équivalence de ce BTS avec un DEUG, après avoir contacté toutes les facs de France, j'arrive à Caen en 1973, où je m'inscris dans une licence de zoologie pour y faire de la recherche. Caen, c'est pratique. C'est l'époque des turbo-trains. On pouvait alors faire Caen-Paris en un temps record, moins de deux heures. Ma mère, qui a des attaches familiales en Haute-Normandie, n'est pas mécontente de ce choix. Les formations dispensées m'amènent à faire beaucoup d'excursions. J'y rencontre Gérard, qui se destine au CAPES de Sciences Naturelles et Bruno, Chantal, Christian Courteille. Très vite ce petit groupe prolonge les sorties institutionnelles. Gérard a une 2CV. Nous partons à la découverte des oiseaux sur tout le littoral bas-normand, et jusqu'au Cap Sizun lors d’un week-end prolongé de début mai.

Fin 1974, Gérard et moi « officialisons » notre attrait mutuel et nous partageons la même chambre universitaire sur le campus historique... Le matin, nous étions réveillés par le chant de la grive musicienne (ce qui fait toute la différence avec la rédactrice de ce témoignage qui résidait, sans le savoir, dans la même cité, à la même époque et qui n'a jamais entendu ce chant ! Rires). Ce chant, encore aujourd’hui, quand je l’entends en hiver par un soleil brillant sur le fond bleu du ciel, m’émeut toujours autant et me rassure, cet oiseau étant tellement discret en fin d’été.
Nous rencontrons lors des réunions mensuelles du GONm, les Riboulet, les Chartier, les Bizet, les Desvaux...
En 1975, on part dans les Pyrénées avec les Chartier. C'est là que je mesurerai les capacités physiques hors-normes d'Alain, capable à un rythme très soutenu, sans faiblir, de grimper jusqu'au lac de Gaube à Cauterets ou au cirque de Gavarnie. Il avait sur le dos, un sac à dos très chargé, sur le sac, sa longue-vue et sur sa longue-vue, son fils Olivier. Je me suis dit à l'époque : « ce gars-là, c'est un fou ! »

En 1976, mariage. Le hasard veut qu'un poste d'assistant en histologie soit créé à la faculté de Médecine à Caen. Je n'ai jamais enseigné mais je postule et suis retenue. Je suis aussi enceinte et Gabriel naît quelques mois après la rentrée universitaire ! en plus de la fonction d’assistante universitaire, mon patron me dirige sur une recherche passionnante sur le rôle de « natural-killer » de la cellule immunitaire de Kurloff (cellule présente chez les femelles gravides de cochon d'Inde, semblant la protéger des cancers), recherche qui me permettra d’avoir ma thèse de troisième cycle et ma thèse d’état pour transformer mon poste d’assistante contractuelle en poste de maître de conférences.

A partir de 1976, la passion transmise par Gérard m'a gagné. Nous participons en famille à toutes les enquêtes et toutes les sorties sont orientées oiseaux, avec Gabriel dans la poussette. Mais nos voyages ont une double thématique et nous allions la culture à l'ornithologie. Je garde de merveilleux souvenirs du plateau de l'Aragon en Espagne, ou de l'Italie. La naissance de Guillaume en 1979 ne modifie rien. Mes beaux-parents habitant Portbail, nous leur confions néanmoins les enfants pour faire de longues balades (sur une journée) dans le Cotentin, dont une, mémorable avec André Leflamand dans le marais de la Sangsurière, dont la traversée fort difficile s'était conclue par la découverte d’un nid de bruant des roseaux et un autre de courlis cendré.

Gérard a pour passion les oiseaux marins. Alors de fait, je m'y intéresse aussi (rires). Mais, ce que j'aime le plus ce sont les ambiances, les moments conviviaux. J'apprécie les stages, en particulier celui de Chausey. Je garde un souvenir extraordinaire de mon premier stage : l'abondance des goélands, cormorans, huitriers-pie. Malheureusement, depuis les effectifs de goéland argenté ont dramatiquement baissé … Je prends aussi toujours autant de plaisir à l'organisation du week-end de la Saint-Michel à Carolles. Carolles, où on a posé les premiers panneaux « Réserve » avec mon père dans les années 90, puis grâce aux prix de la Fondation Nature & Découvertes obtenus en 1996 et 1997, des clôtures, une barrière cotentine et confectionné 3 passages piétons sur le modèle des réserves anglaises. Tous ces équipements sont toujours là, mais désormais c'est le Conservatoire du Littoral qui a pris la place !

Autre ambiance avec les stages du Pays de Caux. Le pied des falaises cauchoises et le platier si difficiles à arpenter. La pluie, la neige. La difficulté physique, avec au bout la récompense, le tichodrome échelette ou les colonies de grand cormoran.
Je garde aussi le souvenir des sorties en bateau : en zodiac au milieu de milliers de macreuses noires en mue avec des plumes partout ; avec Gilbert Hurel, en Baie du Mont Saint-Michel et à Chausey ; les sorties avec L'Ami Pierre à Saint-Marcouf en 2007 ou encore avec le Flipper II en 2018 où nous avons « découvert » avec stupéfaction ces radeaux de pollution plastique que l'on imaginait ailleurs mais pas si près de la côte du Calvados.

Ce que j'ai aussi beaucoup aimé, c'est l'organisation des colloques. En 1997, pour le 25ème anniversaire du GONm. En 2000, conjointement avec la SEOF et son président Pierre Nicolau-Guillaumet, le colloque francophone d'ornithologie : plus de 600 personnes. Une vraie réussite : ouverture par Josette Travert, la présidente de l'Université, repas au restaurant universitaire, Groupe de musique Magène, tombola. Certains d'entre nous ont encore le petit cartable bleu distribué à l'occasion. Ont suivis un colloque au Havre sur les docks et celui sur le gravelot à collier interrompu où nous avons eu la surprise d'accueillir un ornithologue russe.


J'ai suivi naturellement la progression du GONm quand Gérard est devenu président en 1986. En tant que représentante de l'Université de Caen, j'ai assisté aux CA et pris des responsabilités administratives. J'ai monté des dossiers : premiers objecteurs, premiers emplois-jeunes comme celui de Fabrice Gallien à Carolles ... Le GONm a été audité au moment de l'application de la Loi sur les 35 heures. Je me souviens qu'à ce moment-là, notre auditrice fut estomaquée par le bon fonctionnement de l'association, malgré l’étalement géographique de ses salariés.
En 2004, grâce aux contacts privilégiés de Stéphane Lecocq avec Mme Jeanne Frémont, une de nos donatrices, je suis amenée à gérer son legs. Ce ne fut pas chose aisée, mais la vente de sa maison nous permit d'acquérir des marais, respectant en cela ses dernières volontés.
J'ai eu grand plaisir aussi à nourrir des relations avec les ornithologues des Iles anglo-normandes. Avec le Major-Général Caldwell à Guernesey ou avec Anne-Isabelle Boulon à Aurigny. Gérard a d’ailleurs fait plusieurs conférences aux sociétés savantes locales. Les échanges furent fructueux au début, mais ont cessé aujourd'hui.

Maintenant, je n'ai plus de fonction administrative. J'ai repris au pied levé, l'enquête Tendances initiée par Jean Collette : j'anime le réseau des participants, j'analyse les résultats, rédige des articles.
J'assure avec toi, Joëlle, l’indexation des articles parus dans des revues échangées avec d'autres groupes ornithologiques (environ 100 revues). Ces échanges permettent au GONm d’avoir un rayonnement international grâce à la revue Le Cormoran. Et à propos de bibliographie, j'ai rédigé celle du dernier atlas. J'ai conscience que ça n'est pas la partie qui intéresse le plus nos lecteurs, mais cela a été un sacré travail !
Les lecteurs de Ouest-France ont sans doute plus apprécié la petite série d'articles parus entre 1996 et 1999 dans la rubrique : « Prenez l'air ». Expérience plaisante. A renouveler ? mais peut-être aussi bien oubliée à l’heure maintenant des réseaux.
Enfin, je passe beaucoup de temps aux relectures d’études, d’articles rédigés par certains d’entre vous, aux bilans des réserves et cela représente un certain temps.


Cette année 2022 a été une année importante pour moi. L’organisation des différentes sorties, conférences, stages, relance des adhérents pour participer au 50ème anniversaire, tout cela m’a beaucoup occupé et s'est terminé par la table ronde qui a réuni, en décembre 2022, de hautes personnalités qui ont côtoyé le GONm et qui ont apprécié de l’extérieur ce qu’il est, une association naturaliste importante dans le paysage normand et même français, reconnue d’utilité publique et fortement engagée dans la protection des milieux nécessaires au maintien des oiseaux sauvages.

J’ai aussi beaucoup aimé contacter les ornithologues actifs au GONm pour réaliser cette série d’interviews qui resteront, je l’espère, dans la mémoire des adhérents et du GONm et que tout le monde peut lire sur le forum dans la rubrique Mémoires du GONm, les interviews du 50° anniversaire.
Dans les années qui viennent, j'aimerais toujours me consacrer aux enquêtes sur les populations d'oiseaux, avoir une idée des tendances, nourrir une réflexion sur ce que c'est qu'une donnée, sur ce que l'on peut en faire, et peut-être refaire un peu plus de terrain que cette année 2022, somme toute très administrative.

Un nouveau séminaire à organiser, Claire ? Question de la rédactrice.
Pourquoi pas ? et de nouvelles interviews et rencontres.


En conclusion, je voudrai remercier toutes les personnes que j'ai côtoyées au GONm, qui m'ont beaucoup donné de joies et de soucis parfois, et surtout bien sûr mon mari Gérard, indispensable par son fourmillement incessant d'idées nouvelles et son optimisme à toute épreuve, même si des étapes furent plus difficiles que d'autres.
Claire DEBOUT
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DEBOUT Claire
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41- MÉMOIRE DU GONm : Répertoire des personnes citées dans les interviews du 50° anniversaire

Message par DEBOUT Claire »

Après quarante interviews d’adhérents actifs au GONm ou témoins de l’histoire du GONm, il m’a paru utile de publier un répertoire alphabétique des personnes citées au fil de l’eau dans les interviews que j’ai eu le plaisir de vous présenter. Je remercie tous ceux qui m’ont fait confiance.
Claire Debout

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C Ferry Hambourg 2006.jpg (106.6 Kio) Vu 6395 fois
Camille Ferry, bourguignon, qui a découvert les colonies d'oiseaux marins de Chausey et de Saint-Marcouf à la fin des années 1950 (photo : Gérard Debout, Hambourg, août 2006)


Affre Gilbert (1918-1982) : ingénieur au centre des études aéronautiques de Toulouse, a terminé sa carrière comme sous-directeur de l’école nationale des ingénieurs de constructions aéronautiques (à l’époque où Alain Chartier l’a connu : 1972) ; président de l’AROMP (Association régionale ornithologique Midi-Pyrénées).

Aguiton Pierre (1926 - 2004) : président du conseil général de la Manche de 1988 à 1998 : a initié la restauration et la transformation du site de Tatihou pour en faire un musée, y accueillir des classes et protéger la colonie de goélands argentés en coopération fructueuse avec Gérard Debout du GONm.

Akermann Sophie (épouse Béteille) : ornithologue au GONm, a participé aux CA du GONm comme déléguée adjointe du Calvados de 2001 à 2016.

Arcy Shillcock Robin (d’) : (1953-) peintre australien vivant à Groningen (Hollande). Ecrit et peint dans la collection Les carnets du littoral (la presqu’île de Guérande). Animateur de stages de dessin en Charente-Maritime.

Arlot Christian (1940 - 1982) : ornithologue originaire du Poitou, installé à la Hague, en rapport avec Mlle Lecourtois et J. Alamargot. Son nom (CAr) apparaît sur la liste des contributeurs à la première chronique ornithologique de mars-août 1968, du Groupe ornithologique régional (GOR), publiée dans le premier numéro de la revue naissante « Le Cormoran ».

Atkinson Kim : peinte animalier, membre de la Société des artistes de nature (SWLA), vit en Cornouaille.

Barbraud Christophe : directeur de Recherche CNRS à Chizé – Equipe Prédateurs Marins Responsable du programme ORNITHOECO.

Baudvin Hugues : ornithologue bourguignon. A écrit « Les rapaces nocturnes » avec Jean-Claude Génot et Yves Muller, aux éditions Le Sang de la Terre.

Bazin François : maître de conférences de biologie, IUT de Caen ; un des premiers membres caennais du GONm.

Bernier Bernard : professeur à Paris, réside à Evreux, un des membres fondateurs du GONm ; créateur avec F. Leboulenger du bulletin de liaison Le Petit Cormoran.

Binard Rosine : chargée de mission au GONm de 2005 à 2012. Actuellement chargée de mission à la Région Bretagne (réserves et autres aires protégées).

Bizet Benoît : ornithologue au GONm, trésorier du GONm de 1984 à 1993.

Boutinot Serge (1923-2017) : créateur de la Réserve naturelle des Marais d'Isle, commune de Saint-Quentin (Aisne). Membre du Conseil d'administration de la LPO en 1968. Participe à la création en 1976 du Rassemblement des opposants à la chasse (ROC).

Boxall John : ornithologue au GONm, professeur de mathématiques à l’Université de Caen, familialement attaché à l’île d’Aurigny.

Brun Roger (1906 - 1980) : ingénieur agronome, paysan naturaliste normand, à Friardel près d’Orbec (Calvados).

Busby John (1928 - 2015) : peintre animalier anglais.

Caldwell Griff, Major Général (1921 - 2014) : a créé la société ornithologique de l’armée britannique, résidait à Guernesey, a contacté le GONm pour l’organisation des voyages annuels de la Société Guernesiaise.

Carson Rachel (1907-1964) : américaine, publie en 1962 son fameux livre « Le printemps silencieux » qui lance le mouvement écologiste dans le monde.

Chappuis Claude (1924-2021) : ornithologue rouennais, a enregistré la majorité des chants des oiseaux de Normandie, France et ailleurs dans le monde. Publications des « oiseaux solistes », « Oiseaux des forêts de France » et surtout « les oiseaux de l’Ouest africain » et de nombreuses enregistrements, publiés en disques ou en cassettes.

Clavreul Denis : docteur en écologie, artiste peintre, aquarelliste, illustrateur naturaliste. Animateur de stages de dessin en Charente-Maritime.

Clouet Gérard : géographe, naturaliste, retraité de la DREAL.

Cousteau Jacques-Yves (Commandant), (1910 - 1997) : explorateur océanographique des années 1970, vulgarisateur par de nombreux films.

(1930 - 2021) : président de la SCI de Chausey, professeur au Muséum national d’histoire naturelle à Paris, spécialiste des crustacés pélagiques, chercheur à l’ORSTOM.

Cruon Roger (1932 - 2019) membre de la commission internationale des noms français des oiseaux, représentant avec Christian Erard de la Commission de l’avifaune française ; a écrit la « bibliographie ornithologique de la Normandie » en 1973, qui est la première bibliographie ornithologique régionale parue en France.

Delacour Jean (1890 - 1985) : ornithologue franco-américain, auteur de nombreux ouvrages ; fonde le Birdlife international, aménage le Parc zoologique de Clères en 1920 ; président de la LPO de 1921 à 1968, il lègue le parc de Clères (en Seine-Maritime) en 1978 au Museum national d’histoire naturelle de Paris.

Delalande Alain : membre adjoint pour l’Eure au CA de 1993 à 1997. Premier conservateur de la réserve de Corneville créée en 1997.

Demongin Laurent : objecteur de conscience puis garde au GONm de 1991 à 2000. A participé à de nombreuses missions scientifiques internationales ; publie en 2013 « Le Guide d’identification des oiseaux en main, à l’usage des bagueurs ». Co-dirigeant du bureau d'études en écologie Crexeco en Auvergne ; expert en ornithologie.

Dorst Jean (1924 - 2001) : directeur du MNHN de 1976 à 1985, membre de l’UICN, de l’Académie des Sciences. Publie en 1965 « Avant que nature meure ». Participe au scénario du film documentaire de Jacques Perrin qui lui est dédié, Le Peuple migrateur.

Dubois Philippe J. (1955-) : ornithologue, écologue, et écrivain naturaliste français, administrateur de la LPO en 1996, avec Pierre Yésou, il crée en 1983 le Comité d’homologation national (CHN) ; directeur de publication de la revue Ornithos en 1996, auteur de nombreux ouvrages ornithologiques de vulgarisation et d’articles scientifiques.

Dubourg Olivier : ornithologue, défenseur du littoral de l’ouest du Cotentin en particulier pour la protection du gravelot à collier interrompu nicheur.

Duchon Jean : ingénieur CNRS, un des membres fondateurs du GONm, secrétaire de 1974 à 1978.

Dumont René (1904 - 2001) : agronome, 1er candidat écologiste à la présidentielle en 1974, a écrit « L’Afrique noire est mal partie » en 1962.

Duncombe Franck (- 1993) : ornithologue, créateur du CREPAN, administrateur des Sept îles (LPO), à l’origine de la réintroduction du macareux moine, président du Syndicat mixte de la baie d’Orne.

Elder Jean-François : naturaliste, entomologiste, conservateur de la réserve naturelle de Beauguillot.

Erard Annie : secrétaire du CRBPO au MNHN à Paris

Etchécopar Robert-Daniel (1905 - 1990) : en 1964, directeur du CRMMO devenu le CRBPO ; passion pour les oiseaux migrateurs, nombreux voyages, nombreux livres illustrés par Paul Barruel. Crée EURING en 1963 ; expert en oologie avec 32 000 œufs, collection léguée à la Western Fundation of Vertebrate Zoology de Los Angeles. Ami de Olivier Messiaen il fut son guide pour l’identification des oiseaux « virtuoses ».

Ferry Camille (1921 - 2007) : professeur de chirurgie à Dijon, créateur du centre ornithologique de Bourgogne, a mis au point les techniques de recensement par IPA (indice ponctuel d’abondance) et IKA (indice kilométrique d’abondance), découvreur des îles Chausey et Saint-Marcouf à la fin des années 1950.

Frochot Bernard : professeur à l’université de Dijon, a contribué avec Camille Ferry aux techniques de recensement par IKA et IPA, spécialiste de l’écologie des oiseaux forestiers.

Froman Georgia : traductrice, originaire des Etats Unis, vit en France depuis 2015, éditrice à temps partiel aux Éditions Wildproject, maison d’édition dédiée à l’écologie.

Galloo Thierry : garde animateur GONm à la réserve naturelle nationale de Vauville entre 1986-1989. Actuellement, technicien à la réserve naturelle de Beauguillot).

Garrigue Joseph : objecteur au GONm de 1987 à 1989, conservateur de la réserve de Vauville en 1986 ; conservateur de la Réserve Naturelle de la Massane (Pyrénées orientales) depuis 1992.

Génot Jean-Claude : ingénieur écologue, ornithologue au Parc naturel régional des Vosges du Nord, a écrit sur les rapaces nocturnes.

Géroudet Paul (1917 – 2006) : ornithologue suisse francophone, rédacteur de livres d’ornithologie Les Passereaux, Les rapaces etc.

Girard Nicole
: responsable du centre de sauvegarde de Gonneville-Le Theil (Manche) pour les oiseaux mazoutés du Cotentin.

Glütz von Blotzheim Urz (1932 -) : zoologiste suisse, professeur à l’université de Berne, a écrit le « Handbuch der Vögel Mitteleuropas » en 23 volumes, depuis 1966.

Goodall Jane
(1934-) : éthologue et anthropologue britannique ; recherches sur les rapports humain-animal, en particulier avec les chimpanzés.

Grall Yves : ornithologue, membre du CA GONm de 1988 à 1993 ; président de Manche-Nature.

Gramet Philippe : ingénieur agronome à Montpellier, chercheur à l’INRA en 1995 ; travaux sur le comportement des corbeaux ; a écrit en 2009 « Les chroniques de la Nature » avec une préface de Emmanuel Le Roy Ladurie.

Grissac (de) Philippe (1951-) : Directeur de la RNN des 7 Îles, directeur de rédaction de « L’Oiseau Magazine », vice-président du Conservatoire du Littoral et de la LPO.

Hainard Robert (1906 - 1999) : artiste naturaliste suisse, sculpteur, graveur sur bois, peintre, illustrateur de certains livres de P. Géroudet.

Heim de Balzac Henri (1899 - 1979) : professeur de zoologie à la faculté de Lille, fondateur (en 1929) et secrétaire de la rédaction de la revue ornithologique Alauda, coéditeur de « L'Inventaire des oiseaux de France » sous la direction de Noël Mayaud.

Hémery Georges (1952 - 2013) : biologiste des populations, biostatisticien, étude des oiseaux marins, directeur du CRBPO de 1989 à 1996, met en place le programme STOC à la fin de années 1980 ; en 1986, cofonde le GISOM.

Hettier de Boislambert Claude (1906 - 1986) : Propriétaire-agriculteur, il effectue entre 1926 et 1939 de très nombreux voyages de recherches zootechniques et ethnographiques en Afrique centrale ainsi que de nombreux séjours en Scandinavie, en Europe centrale et au Proche-Orient. Nommé le 15 novembre 1945 gouverneur de la Rhénanie ; député de la Manche de 1951 à 1956. Le domaine de Beauguillot est devenu une réserve naturelle en 1980, sous l'impulsion de son propriétaire. Avant même que l'on ne parle de biodiversité, « Claude Hettier de Boislambert s'est engagé dans son territoire pour protéger la nature » a souligné Jean-François Le Grand, président du conseil général de la Manche.

Isenmann Paul : (1942-) chercheur au CEFE CNRS (Centre d'Ecologie Fonctionnelle et Evolutive) à Montpellier, travaille sur le milieu méditerranéen, publie entre autres « Les oiseaux de Mauritanie ».

Jarry Guy : chercheur au Muséum national d’histoire naturelle jusqu’en 2005 ; publie avec Dosithée Yeatman- Berthelot « Le Nouvel atlas des oiseaux nicheurs de France 1985-1989 » ; participe à la rédaction de plusieurs guides ornithologiques et à la conception du film de Jacques Perrin Le peuple migrateur ; participe aux recherches sur la biologie des populations d’oiseaux et a contribué à la mise en place du programme STOC.

Jiguet Frédéric (1972-) : ornithologue et biologiste de la conservation du Muséum ; gère et coordonne les activités de baguage en France ; relance le Suivi temporel des oiseaux communs (STOC-EPS) par écoute permettant de produire des indices d’abondance des populations d’oiseaux communs. Auteur de nombreux articles scientifiques et livres de vulgarisation.

Julien Michel-Hervé (1927-1966) : pionnier de la protection de la nature en France, fondateur de la SEPNB devenue aujourd’hui Bretagne Vivante ; bagueur, organise les stages ornithologiques de baguage à Ouessant.

Labitte André (1890 – 1964) : architecte, ornithologue, collectionneur.

Larigauderie François (1927-2009) : bagueur dès 1962, puis chargé de la gestion de la RNN de Saint-Price-Saint-Mesmin à 4 km d’Orléans créée en 1975 ; formateur de nombreux bagueurs dans l’Orléanais.

Larsonneur Claude (1935-) : professeur à l'université de Caen, directeur du Laboratoire de géologie marine, travaille depuis une trentaine d'années sur le littoral français de la Manche, et particulièrement sur la baie du Mont Saint-Michel. Président de l'université de Caen de 1993 à 1998. A été président du conseil scientifique de l’estuaire de la Seine.

Lecointe Alain (1943-1998) : botaniste bryologue, maitre de conférences à l’université de Caen, président du CSRPN en 1995, grand connaisseur du bocage normand, collaborateur de Michel Provost.

Leboulenger François : ornithologue et mammalogiste, participe à l’édition de « L’Atlas des mammifères sauvages de Normandie » édité par le GMN ; expert faune au CSRPN.

Lecourtois Lucienne (1916-2010) : professeur à l’école normale de Saint-Lô ; cheville ouvrière de l’ornithologie dans la Manche, à l’origine des premières réserves dans la Manche (Vauville, Jobourg et Saint-Marcouf) au sein de la SEPNBC ; animatrice de nombreux stages de baguage.

Leflamand André : ornithologue manchois, explorateur des marais de la Sangsurière et de la tourbière de Baupte et de la baie des Veys.

Legrand Jean-François (1942-) : président du conseil régional de la Manche de 1998 à 2015, succède à Pierre Aguiton. Président de l'Union nationale des CPIE, président fondateur du Parc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin, rapporteur de la loi sur le renforcement de la protection de l'environnement (1994-1995).

Le Maho Yvon (1947-) : directeur de recherche au CNRS, laboratoire d’écophysiologie (Biologie Polaire) à l'université de Strasbourg.

Legrand Laurent : Ornithologue manchois, objecteur au GONm en 1990-1991 à Chausey.

Marion Loïc : ornithologue, ancien chercheur CNRS à ECOBIO, spécialiste des hérons cendrés puis des grands cormorans ; ancien directeur de la réserve naturelle nationale du lac de Grand-Lieu (Loire-Atlantique). Elu depuis avril 2022 président du Conseil national de la protection de la nature (CNPN).

Mayaud Noël (1899-1989) : participe entre autres à la création de Alauda, revue internationale d'ornithologie avec ses collègues Jacques Delamain (1874-1953) et Henri Heim de Balzac (1899-1973). Il rédige une importante partie du tome consacré aux oiseaux dans « Le Traité de zoologie » du professeur Pierre-Paul Grassé.

Métais Michel (1951-) : co-fondateur de Réserves Naturelles de France (RNF), administrateur de l'Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS), et membre du Conseil National de Protection de la Nature (CNPN). Directeur général de la LPO pendant 37 ans.

Monnat Jean-Yves (1942-) biologiste naturaliste, spécialiste reconnu de la mouette tridactyle, plus particulièrement sur la colonie du Cap Sizun. Responsable du projet mouette tridactyle auprès du CRBPO ; coopère avec le GONm pour le baguage des tridactyles en falaise.

Monod Théodore (1902 - 2000) : né à Rouen, biologiste, explorateur, érudit et humaniste français, l'un des plus grands spécialistes du Sahara au XXe siècle. Auteur de « Méharées » aux éditions Actes sud.

Morel Gérard (1925-2011) : président de la Société d'ornithologie de l'Ouest africain (SOOA). Directeur de recherches à l'ORSTOM, laboratoire de Richard-Toll au Sénégal, station ornithologique de l’ORSTOM. Auteur avec sa femme Marie-Yvonne Morel de : « Les oiseaux de Sénégambie : notices et cartes de distribution » en 1990 et coauteur de « Les oiseaux de l’Ouest Africain » (Serle, W. & Morel, G.J. 1977 ; adapté en français en 1979).

Muller Yves : spécialiste de l’avifaune forestière et de l’écologie des oiseaux forestiers des Vosges du Nord ; président de la LPO Alsace depuis 1998 ; président du Groupe Ornithologique des Vosges du Nord, membre des CSRPN (Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel) d’Alsace et de Lorraine. Auteur de « La Bibliographie d’ornithologie française de 1945 à 1990 » ; et avec Nidal Issa de « L’Atlas des oiseaux de France métropolitaine - Nidification et présence hivernale » en 2 volumes (2015).

Naurois René (de) (1906 - 2006 ) : abbé, aumônier de la France libre, Croix de guerre 1939-1945, Juste parmi les nations, enterré dans le cimetière communal de Ranville, qui fut une des premières villes libérées le 6 juin 1944 lors du débarquement de Normandie auquel il participa avec le commando Kieffer. Ami de Gérard et Marie-Yvonne Morel, tous ornithologues en Afrique, il fait plusieurs découvertes ornithologiques importantes, en 1959 et 1960, en Mauritanie, ce qui lui valut d'entrer dans la section biologie animale au CNRS en 1960 sur le thème des oiseaux de la côte occidentale d'Afrique.

Nicolau-Guillaumet Pierre : maître de conférences au Laboratoire d'ornithologie du Muséum (Centre de recherches sur la biologie des populations d'oiseaux) ; président d'honneur de la Société d'études ornithologiques de France (SEOF). Organisateur des colloques francophones d’Ornithologie à Paris.

Pasquet Éric : zoologiste au Muséum National d’Histoire Naturelle, Laboratoire de Zoologie Mammifères et Oiseaux, Service de Systématique Moléculaire.

Pauly Daniel (1946-) : biologiste franco-canadien reconnu comme l'un des plus grands spécialistes au monde des ressources marines. Professeur à l'Université de Colombie Britannique à Vancouver, alerte depuis plusieurs décennies sur la disparition accélérée des poissons dans tous les océans.

Pellerin Éric : petit fils du créateur du Jardin de Vauville qui, en 1947, planta des arbres venus de l'hémisphère austral, de Nouvelle-Zélande. Jardin remarquable en 2004 inscrit aux monuments historiques.

Perrin Jacques (1941 - 2022) : acteur, réalisateur de documentaires et producteur français. Entre autres de Microcosmos : Le Peuple de l'herbe en 1995, et Le Peuple migrateur en 2001 pour lequel nous avons coopéré pour le projet d’un parc ornithologique destiné au grand public dans le Calvados mais qui échoua.

Perrin de Brichambaut Jacques (1920-2007) : au début des années cinquante, il est un des membres fondateurs du « Groupe des jeunes ornithologistes » dont la revue « Oiseaux de France » paraîtra jusqu’en 1968 ; publie ensuite de nombreux articles dans «Alauda ». En 1993, acteur de la naissance de la SEOF (Société d’Études Ornithologiques de France). Il en rejoint en 1994 le conseil d’administration qu’il animera jusqu’à son décès. Bagueur et grand collectionneur d’œufs, ses « Carnets » et sa collection oologique (15 000 œufs) font aujourd’hui partie des collections d’ornithologie du muséum de Toulouse.

Peterson Roger Tory (1908 - 1996) : Il élabore un nouveau type de guide de terrain « A Field Guide to the Birds » qui connut un succès énorme avec quatre rééditions majeures et près de cinquante réimpressions pour un total de sept millions d’exemplaires. Membre de la Société nationale de Audubon. Il a parcouru l'Europe, observé et dessiné les oiseaux sur le terrain en vue du Peterson « Le guide des oiseaux d'Europe », qui a longtemps été l'ouvrage de terrain préféré des ornithologues français.

Perthuis Alain (1950 - 2021) : ornithologue passionné, forestier dans le Loir et Cher, pionnier de la protection des rapaces, son préféré était le circaète-Jean-le-Blanc. Auteur de plusieurs livres sur la faune du Loir-et-Cher.

Provost Michel : Maître-assistant au Laboratoire de phytogéographie de l'Université de Caen. Publie « La flore vasculaire de Basse-Normandie, avec suppléments pour la Haute-Normandie » en 1998).

Quammen David (1948-) : écrivain américain naturaliste, écrit « The song of the Dodo - Island Biogeography in an Age of Extinctions ».

Radigue François : ingénieur des collectivités territoriales au Conseil départemental de l’Orne, membre fondateur de l’Asso¬ciation Faune Flore de l’Orne (AFFO) en 1980, du GRAPE ; co-fondateur du Conservatoire des Espaces Naturels de Basse-Normandie.

Ranvier Géraud (1975-) : ornithologue au PNR des Boucles de la Seine normande. Bagueur des cigognes de Haute-Normandie.

Rousselle Ghislain (1931 – 2022) : ornithologue du sud-Manche et écrivain : « Les oiseaux sauvages, notes pour servir à leur découverte dans les paysages aux confins de la Normandie de la Bretagne et du Maine » en 1990.

Samson Auguste (1933-2011) : agriculteur à Omonville, ornithologue (voir Aubrais, Olivier 2011 – Disparition. Le Petit Cormoran, 188, 3)

Saussey Michel (1930 - 2007) : Professeur de zoologie, Université de Caen, spécialiste des vers de terre. Membre fondateur du GONm, bagueur en particulier des hirondelles et des verdiers.

Scherrer Bruno : statisticien, animateur de stages de baguage dans les Alpes.

Siblet Jean-Philippe
: directeur de l’UMS PatriNat et Directeur de l’expertise au Muséum National d’Histoire Naturelle, secrétaire général de la Société d’Etudes Ornithologique de France (SEOF). Président de l’Association Naturaliste d’Ouessant (ANO).

Spiroux Philippe
: ornithologue du GONm, garde-animateur de la réserve de l’île de Terre de Saint-Marcouf de 1990 à 2000.

Tamisier Alain : chercheur CNRS à la Tour du Valat (Camargue).

Tazieff Haroun
(1914 - 1998) : volcanologue.

Terrasse Michel
(1938- 2023) : fondateur avec son frère Jean-François, du Fonds d’Intervention pour les Rapaces (FIR) en 1969, année où les rapaces ont obtenu une protection complète en France. Président jusqu’à récemment de la Vulture Conservation Foundation (VCF).

Tombal Jean-Charles (1944 - 2021) : président du Groupe ornithologique Nord (GON) ; spécialiste des busards nicheurs dans les cultures ; rédacteur en chef de la revue « Le Héron » pour le Nord-Pas-de-Calais.

Thiollay Jean-Marc (1942 - 2021) : Directeur de recherche au CNRS, spécialiste mondial des rapaces ; laisse une bibliothèque de plus de 17 000 livres, léguée à la municipalité de Ménigoute.

Typlot Alain (1936 - 2005) : ornithologue de la Manche, collègue de Mlle Lecourtois pour de nombreux stages. Membre du CA du GONm comme délégué départemental de la Manche de 1972 à 1980 puis suppléant de 1981 à 1989.

Wanless Sarah (1969-) écologiste (zoologie) au Royaume-Uni et spécialiste des oiseaux marins ; elle est membre de la Royal Society of Edinburgh et professeur honoraire aux universités de Glasgow et d'Aberdeen.

Wilson Rory : chercheur à l’institut d’océanographie de Kiel, titulaire d’une chaire à Swansea University Pays de Galles.

Yésou Pierre : ornithologue. Co-créateur avec Philippe J. Dubois du Comité d'homologation national (CHN) ; travaillait à l'office national de la chasse.

Yeatman Laurent (1903-1978) : auteur du premier « Atlas des oiseaux nicheurs de France » publié en 1976 par la Société ornithologique de France (sa fille Dosithée Yeatman-Berthelot née en 1938, publiera l’atlas des oiseaux de France en hiver en 1991). Président de la Société ornithologique de France et vice-président de la LPO.


Les personnes qui auraient des détails ou des dates à préciser, peuvent me contacter à
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Claire DEBOUT
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42 - Mémoire du GONm ; nouvelles interviews : Anne-Marie Van Thoroudt-Kervran

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A Caen, mars 2023. Photo G. Debout

Pourquoi je suis entrée au GONm ?

Après la fin de l’enfance et de l’adolescence en Algérie, après le bac à Marseille, après des études de médecine à Rennes, après mon mariage, après la naissance de mes quatre enfants, et les spécialités de radiologie pour Jan et de psychiatrie pour moi, il était temps pour nous deux de nous fixer quelque part. Il ne s’agissait pas seulement de nous poser, mais bien plutôt de s’enraciner.
Je n’évoquerais pas ici l’histoire de Jan qui fut tout autre que la mienne.

Enfance :
Pour ce qui est de moi, voilà ce qui s’est passé : j’ai le souvenir d’avoir passé une enfance et une adolescence merveilleuses en Algérie, dans un pays qui était pour moi plein de charme, de soleil, de joie et d’optimisme. J’y suis arrivée fin 1939 à l’âge de trois mois et y suis demeurée jusqu’à l’âge de quinze ans.

Mon père était magistrat et ma mère femme au foyer. Mais, ils étaient d’un caractère aventureux et peu conventionnel. Ils arrivèrent en Algérie dès le début de leur vie conjugale en 1933. Je pense qu’ils n’étaient pas faits pour une existence classique et qu’ils s’étaient terriblement ennuyés pendant leur jeunesse, mon père en Bretagne et ma mère à Laval dans la Mayenne. C’est ainsi que mon père a fait une grande partie de sa carrière outre-mer en Algérie, pour voir du pays, disait-il toujours.
Ils arrivent à Khenchela, un petit bled au pied des Aurès, où mon père arrive comme juge de paix.

Ma mère et lui vivaient entourés de chiens, car l’une de leur passion était la chasse, en insistant sur le travail des chiens. Mon père arrivait ainsi en plein pays de cocagne : 100 perdreaux et quelques lièvres en une journée de chasse ! Evidemment, il n’y avait pas de concurrence ; les autochtones, les Arabes, ne chassaient pas et se contentaient d’inviter le juge ! « On ne savait que faire du gibier » disait ma mère, « je faisais du pâté de perdreaux … ».
Mon père est ravi mais pas pour longtemps. L’année suivante, le rendement est beaucoup moins merveilleux : il prend alors brutalement conscience de la vulnérabilité des espèces et ceci sera pour eux une leçon très forte : mon père cessa de faire des hécatombes et modéra le nombre d’animaux abattus. Cette leçon portera ses fruits toute sa vie et s’imprimera par la suite dans nos cervelles de fillettes, nées respectivement en 1939 pour moi et en 1942 pour ma sœur.
Je crois que pour mon père d’une part et pour ma sœur et moi les choses étaient différentes. Pour mon père il s’agissait de chasser moins mais il n’était pas question d’abandonner la chasse pour autant : pour lui la chasse était bonne et légitime et un sport noble. Le travail du chien restait central. Soit d’arrêt, soit courant, il fallait le dresser suivant sa race.
Pour ma sœur et moi, les choses étaient plus compliquées : nous mettions la mort de l’animal en premier lieu et elle était à proscrire puisque l’être humain avait d’autres moyens de se nourrir. Progressivement, mon père convint d’ailleurs de cette évidence.

Retour en France :
Nous quittons l’Algérie en avril 1954, alors que la guerre commencera en novembre de cette même année ! j’avais quinze ans.
De la transmission paternelle de cette expérience de la chasse à ses enfants naît chez moi un grand amour de la nature mais aussi plus généralement un grand respect de la faune et de la flore ; en même temps nous avons une grande peur que les hommes, par leurs activités quelque peu frénétiques, ne saccagent cette belle nature. Sur ses vieux jours, mon père « chassait » toujours si l’on peut dire : on faisait se lever le gibier (rare), mais il ne tirait plus. Il avait, entre-temps, fait connaissance avec un lièvre sur une parcelle louée pour chasser, mon père et le lièvre se saluaient poliment et se disaient « à la semaine prochaine » !

Après un séjour à l’Île de la Réunion (service militaire de Jan), nous arrivons à Caen en 1967. Jan, interne du CHU, décide d’aller au Centre anti-cancéreux Baclesse pour acquérir la spécialité de radiologue et moi-même j’obtiens un poste de médecin résident. C’est au CAC que nous faisons la connaissance de monsieur Bloquel, physicien qui nous parle du CREPAN, ce qui nous amènera bientôt au GONm.

Bocage boisé virois et GONm :
La spécialité de Jan en radiologie acquise, il est question de s’installer. Nous portons notre dévolu sur Vire avec l’intention de chercher un coin de campagne alentour. Finalement, c’est à Saint-Martin Don que nous trouvons une petite longère très rustique avec quelques hectares autour : on possèdera un peu de cette terre de France, où l’exilée que je suis pourra tenter de s’enraciner.
Et c’est là que surgit l’idée de demander au GONm que nos quelques hectares, avec le haut de notre colline qui n’est plus cultivé depuis de nombreuses années, soient transformés en Réserve ornithologique, ce qui confère à notre acquisition un sens supplémentaire : nous la dédions aux oiseaux et à la nature !
En l’an 2000, la colline est entièrement ravagée par une énorme tempête : toute la nuit le vent souffle comme un fou ! tous les arbres du sommet, le centre de la réserve sont déracinés. Quand on tente d’y passer, on ne marche pas sur le sol mais sur des accumulations d’arbres cassés, arrachés. On ne voit plus la terre.
C’est un véritable spectacle de désolation, et l’on ne tarde pas à vouloir replanter. Le forestier qui s’en occupe fait très bien son travail : il accumule les arbres arrachés pour faire des andains et entre ceux-ci il plante de nouveaux arbres, 600 au total : chênes hêtres et châtaigniers. Mais la terre du sommet de la colline est pauvre et beaucoup d’arbres dégénèrent ou ne prospèrent pas bien. De plus, nous sommes débordés dans notre vie entre le travail professionnel et l’éducation des quatre enfants, ce qui fait beaucoup en même temps et entraîne un peu de négligence dans la surveillance de « nos terres ». Cependant, ceci ne gêne en rien la présence des très nombreux oiseaux qui trouvent là un havre de tranquillité totale.

Nous laissons la gestion de la réserve au GONm, la tendance est à laisser les choses en l’état avec un minimum d’intervention. Le GONm organise des visites pour le public. Au début la participation est assez discrète. Elle est beaucoup plus importante actuellement et réunit une bonne trentaine de participants. La municipalité, avec notre accord, en fait une manifestation municipale. Les participants et nous sommes toujours cordialement invités à la mairie où monsieur le Maire tient à nous offrir boissons et autres douceurs en arrivant et en repartant.

Une difficulté est apparue depuis peu : la transformation de la réserve en un terrain de jeu pour les motards, ce qui a amené le conservateur, Thierry Lefèvre, à construire sur le chemin des barrières (en cours de réalisation), car le bruit et les désagréments apportés par ces motards s’avèrent difficiles à supporter et dommageables pour les animaux présents dans la réserve. Il arrive aussi que l’on doive rappeler à l’ordre quelques chasseurs car la réserve a mis en évidence la présence de chevreuils, lièvres, sangliers de passage, lapins, belettes, fouines, écureuils, hérissons, et surtout un grand nombre de blaireaux. Ces renseignements nous les obtenons grâce au piège photo que nous plaçons et déplaçons régulièrement. Car nous avons la chance d’avoir sur notre terrain une colonie de blaireaux depuis trente ans. Nous n’avons hélas jamais pu les voir, mais nous avons de multiples images par le piège photo. Et puis certains de nos enfants et petits-enfants les ont vu simplement en se trouvant près des nids à la fin du jour, quand les journées sont les plus longues dans l’année. Jan et moi rêvons de ce moment-là ! et de faire un petit film sur ces animaux assez peu connus en ville mais victimes à la campagne d’une réputation désastreuse qui entraîne des comportements carrément sauvages de cruauté de la part de personnes voulant s’en débarrasser et en débarrasser les autres.

Description de la réserve du Montanglier
Schématiquement 12hectares de bois et de prés qui ont fait l’objet d’une convention de gestion signée le 6 octobre 1993 avec le GONm. C’est Thierry Lefèvre membre du GONm, qui rentre en contact avec nous pour gérer la réserve.
45 espèces d’oiseaux y ont déjà été observés ; 11 nichoirs pour les oiseaux cavernicoles et 4 pour les chouettes ont été accrochés dans les arbres. Une boucle ornithologique jalonnée de pancartes directionnelles et de panneaux d’information a été aménagée.
Nous souhaitons laisser la nature en libre évolution, mais cependant nous entretenons des parcelles avec le bois mort après les tempêtes. Nous avons aussi disposé des panneaux d’information sur le chemin communal traversant.
En ce qui concerne les nids pour les chouettes, nous craignons qu’ils n’aient pas été occupés. En particulier, Thierry a posé un nichoir à effraie dans le clocher de l’église, mais je ne sais pas s’il a été occupé. De même il y en a un autre dans un petit bâtiment en pisé près de la maison.

Par ces temps de grand danger pour la biodiversité, nous pensons qu‘il est d’autant plus nécessaire de veiller sur tout cela. Maintenant que la réserve du Montanglier se retrouve avec un statut protégé, il est important que tout le site fasse l’objet d’une surveillance accrue. En plus des oiseaux, la réserve enferme toute une riche biodiversité. Par exemple, le Groupe Mammalogique Normand a posé dans la réserve des nichoirs à chauves-souris ; ils n’ont malheureusement pas été surveillés, le responsable, François Marchalot, ayant quitté la région. Nous ignorons si ces nichoirs ont été occupés.

Pour conclure :
Je raconterai brièvement l’histoire du petit faon. Elle remonte à deux ou trois ans. Nous parcourions notre chemin de promenade comme souvent et nous voyons devant nous un petit faon, adorable avec encore plein de taches sur son pelage. Curieusement il ne se lève pas à notre approche. Il finit par le faire et nous constatons alors que trois de ses pattes sont gravement estropiées. Il essaie de s’enfouir dans le fourré au bord du chemin. Nous entendons sa mère qui gémit tout près, nous ne la voyons pas. Nous comprenons que si nous le laissons il est perdu. Jan le prend dans ses bras et nous courrons pour refaire le chemin inverse et nous montons tous les trois dans la voiture. Arrivés à Landelles, la jeune vétérinaire est toute triste de nous annoncer qu’il n’y a pas d’autre solution que l’euthanasie ! Enquête faite auprès de nos voisins agriculteurs : c’est un accident qui se produit lorsque les biches et leur petit vont dans le milieu des champs pour se protéger quand ils entendent les moissonneuses et les petits se trouvent blessés par les machines. Des amis agriculteurs nous ont informé que pour éviter ces malheureux accidents il faut moissonner soit en commençant par le centre des parcelles, soit en faisant courir les chiens avant de commencer la moisson.

Je raconterai encore les grenouilles présentes dans la mare devant la cuisine qui nous font un concert le soir, les crapauds venant frayer dans l’eau et « la nuit des crapauds » : des centaines de têtards quittant la mare au début du mois de mars ! je raconterai aussi la pêche aux tritons : il y avait quatre espèces de tritons, mais je crains que maintenant il n’en reste plus que deux (triton alpestre et triton palmé), est-ce un effet de la raréfaction des espèces ?
Jan et moi sommes émerveillés quand nous nous mettons face à cette biodiversité et tenterons de tout faire pour la faire perdurer, d’où notre satisfaction qu’elle ait été rendue pérenne par le Groupe Ornithologique Normand.

Note de C. Debout :
Nous sommes là devant un exemple type de réserve très riche mais pas assez connue. Les suivis se font grâce à Thierry Lefèvre qui connaît bien les lieux mais qui ne peut assurer seul les suivis des nombreux nichoirs et des oiseaux ainsi que les autres familles d’animaux sauvages.
La signature le 3 mai 2023 du contrat ORE donne à cette réserve une pérennité d’au moins 99 ans, puisqu’il stipule une conservation du milieu sans modifications sinon celles d’une gestion du GONm.
Soyez curieux et allez voir ce milieu forestier dans le bocage virois.
Claire DEBOUT
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