Alcidé étrange entre chausey et granville mai 2007

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Guillaume DEBOUT
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Alcidé étrange entre chausey et granville mai 2007

Message par Guillaume DEBOUT »

Un alcidé étrange observé lors d'une traversée Granville-Chausey en mai 2007.

Image

Réponse de Günter de Smet à nos interrogations :

Si l'oiseau n'est pas souillé, on peut prendre en compte trois possibilités :

* CEPPHUS
Guillemot à miroir Cepphus grylle « motzfeldi »
Guillemot colombin Cepphus columba snowi

* URIA
Guillemot de Troïl Uria aalge (mélanique)


Je pense que c'est un Guillemot de Troïl mélanique pour les raisons suivantes.

* CEPPHUS
Uniquement à base de la photo, il est difficile de juger si l'alcidé appartient au genre Cepphus ou au genre Uria. Malheureusement, la couleur caractéristique des pattes - rouge dans le genre Cepphus n'est pas visible.
Sur le terrain, l'alcidé paraissait plus petit que le Guillemot de Troïl à l'avant plan. Cramp et al. (1989) mentionnent que le Guillemot à miroir est environ 20% plus petit que le Guillemot de Troïl. Sur la photo, l'alcidé mystère semble mesurer 4% de plus (pointe du bec au bout de la queue) que le Guillemot de Troïl à l'avant-plan. Il faut noter toutefois que les mensurations sur une photo ne sont pas toujours fiables : avec un téléobjectif, un oiseau à l'arrière-plan peut paraître plus grand qu'il ne l'est en réalité.
La forme de l'alcidé sur la photo est possible pour un Cepphus, mais n'exclue pas un Guillemot. La tête me semble un peu lourde et le corps plutôt allongé pour un Cepphus.
(1)Guillemot à miroir Cepphus grylle
Le plumage de l'oiseau n'est pas normal pour un Guillemot à miroir.
(a) Un Guillemot à miroir en plumage nuptial devrait montrer une zone ovale blanche dans l'aile (grandes couvertures + une partie des moyennes couvertures). Il existe cependant la variante «motzfeldi» qui n'a pas de blanc dans les couvertures (ou les couvertures seulement légèrement plus pale que les rémiges). Cette forme a été signalée au nord de la Norvège, aux Hébrides (Ecosse), à l'ouest du Groenland, en Islande et au Spitzberg.
(b) Un oiseau de deuxième année du calendrier montre un zone blanche moins marquée (mais beaucoup plus visible que sur la photo). En plus un individu de deuxième année ne serait probablement pas en plumage nuptial (et montrerait plus de blanc que les deux alcidés qui l'accompagnent).
(c) Les plumes des flancs semblent brunâtres et devraient être noirs en plumage nuptial frais. Un ton brun est possible en plumage usé (fin de la saison de nidification).
(d) La séquence de la mue n'est pas normale pour un Guillemot à miroir : pendant la mue prénuptiale les sous-caudales deviennent noires avant la tête.

(2)Guillemot colombin Cepphus columba snowi
Une donnée en Norvège du Guillemot colombin n'a pas été acceptée par la commission d'homologation de ce pays.

Aux îles Kuriles, il existe une sous-espèce du Guillemot colombin avec peu ou pas de blanc dans les ailes (description de Stejneger en annexe 1). Je n'ai pas trouvé de photos de ce taxon peu étudié sur Internet. J'ignore comment on peut distinguer le Guillemot colombin snowi de la variante « motzfeldi » du Guillemot à miroir.

Harrison (1983) dessine snowi avec des liserées blanches sur les couvertures mais mentionne que certains individus ont les ailes toutes foncées.

A l'exception de la zone blanche dans l'aile, les mêmes remarques que pour le Guillemot à miroir restent valables.

* URIA
L'oiseau est probablement un Guillemot de Troïl mélanique. J'ai obscurci le plumage d'un Guillemot de Troïl à l'aide de Photoshop. J'ai également rendu des couleurs normales à l'individu photographié pour regarder l'effet.

Image

Je pense qu'un Guillemot de Troïl mélanique est la solution la plus probable. Un plumage souillé est difficile à exclure avec certitude, mais le plumage ne paraît certainement pas collant (ce qui est
généralement le cas avec les oiseaux de mer qui ont subi la pollution). Le manque de blanc à l'arrière des secondaires (bien visible sur le Guillemot de Troïl normal à l'avant-plan) peut également indiquer un individu mélanique. Les flancs du Guillemot de Troïl sont souvent striés (et peuvent contraster avec les sous-caudales blanches). Il se peut que l'oiseau (mélanique) sur la
photo montre une exagération de ces critères.

Le mélanisme est rare mais bien documenté pour le Guillemot de Troïl (Annexe 2, en anglais, trouvé sur Internet).

Il n'y pas d'hybrides connus entre Cepphus et Uria (Guillemot de Brünnich Uria lomvia x Guillemot de Troïl U. aalge et Pingouin Torda Alca torda x U. aalge existent - Friesen et al. 1993 ; Wilhelm et al. 2001).


Cordialement,
Günter.


ANNEXE 1:
DESCRIPTION OF A NEW SPECIES OF GUILLEMOT FROM THEKURIL ISLANDS BY LEONHARD STEJNEGER.

STEJNEGER L. (1897), New Species of Guillemot. Auk 14: 201.

When visiting some of the Middle Kuril Islands during the summer of 1896 I was much puzzled by a black-winged Guillemot, which at first I mistook for Pallas's Cepphus carbo, especially since the Kurils have been given as the particular habitat of this black-winged species. I soon found, however, that not only the pale eye ring of the latter was absent but also that the proportions were entirely different, in fact that I had to deal with an undescribed form more nearly related to Cepphus columba than to C. carbo. The latter I did not see at all in the Kurils. The many puzzling and contradictory statements regarding Kuril Islands specimens by Blakiston and by Seebohm have thus received an easy and satisfactory solution. It gives me great pleasure to name this species for Capt. H. J. Snow, of Yokohama, the distinguished explorer of the Kuril Islands.

Cepphus snowi, sp. Nov.


Diagnosis.- No white area surrounding the eye; wings entirely black, or with narrow white tips to the larger coverts, forming at most three narrow white bands; under wing-coverts smoky gray; black of back with a slate-colored gloss; 14 tail-feathers. Habitat: Kuril Islands.

Type. -- U.S. Nat. Mus. No. .59,35x. Raikoke Island, Kurils, August 23, x896. L. Stejneger coil. no. 7009.

Dimensions of Type :-- Wing, xSx min.; tail-feathers, 54 mm.; exposed culmen, 32 min.; height of bill at nostrils, .o. 5 mm.; tarsus, 33 mm.; middle toe with claw, 46 mm.; total length, 344 mm.

In addition to the type I collected 3 other specimens on the Mushir Rocks. I have also examined two specimens from Urup in the Science College Museum, Imperial University, Tokyo, through the kindness of Dr. Ijima. I remember also to have seen a specimen in the American Museum of Natural History in New York, said to have come from Kamchatka. It was probably collected by Capt. Snow. When I examined this specimen many years ago
I took it to be a melanistic individual of C. coIumba.


ANNEXE 2. MELANISME

Storer (op. cit.) mentioned three examples of melanism in U. aalge and Winge (Grönlands Fugle, 1898) and Tuck (op. cit.) reported several melanistic individuals of U. lomvia.

Sage (1962, 1963) discussed melanism and its occurrence in British birds but did not record it in the Alcidae.

Gross (1965) compiled a list including 54 bird families in which albinism has been reported; the family Alcidae is represented by seven species and 27 individuals. O. Gross (pers. comm., 1968) listed the alcids in which albinism has been recorded (number of individuals in parentheses): Alca torda (1), Uria aalge (2), U. lomvia (4), Plautus alle (2), Cepphus grylle (7), C. columba (1), and Fratercula arctica (10).

On 11 June 1967 Sealy saw one apparently total melanistic U. lomvia flying in a flock of about 20 at sea near the Northwest Cape of St. Lawrence Island (Sealy 1969).

REFERENCES :
Enticott & Tipling (1997) Photographic handbook of the seabirds of the World.

Friesen, V.L., R.T. Barrett, W.A. Montevecchi and W.S. Davidson. 1993. Molecular identification of a backcross between a female common murre/thick-billed murre hybrid and a male common murre. Can. J. Zool. 71: 1474-1477.

Harrison (1983). Seabirds.

Storer (1952) Univ. California Publ. Zool. 52: 121-222.

Gross (1965) Bird-Banding 36: 67-71.

Sage (1962) Brit. Birds 55:201.

Sage (1963) Brit. Birds 56:409.

Sealy 1968) A comparative study of breeding ecology and timing in plankton-feeding alcids (Cyclorrhynchus and Aethia spp.) on St. Lawrence Island, Alaska, unpubl. M. Sc. Thesis, Univ. of British Columbia.

Sealy (1969) The Wilson Bulletin 214.

Schaanning (1932)

Tuck (1961) The murres.

Wilhelm S.I., Walsh C.J., Stenhouse I.J. & Storey A.E. 2001. A possible Common Guillemot Uria aalge x Razorbill Alca torda hybrid. Atlantic Seabirds 3(2): 85-88.
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